GIL24-TV Sadou Bounkaila Sofiani.. Les valeurs, l’éthique, sont dans nos littératures orales ou écrites

L’homme de culture africain, l’artiste, l’intellectuel en général doit se situer dans son peuple et assumer les responsabilités particulièrement décisives qui sont les siennes. Son action doit insuffler la transformation radicale des esprits, sans laquelle il est impossible au peuple d’avoir raison de son sous-développement économique et social. Le peuple doit être le premier bénéficiaire de ses richesses culturelles et économiques.
Mais la culture est la somme des expériences et des expressions concrètes liées à l’histoire des peuples. Il y a donc au regard de la culture, pour ce qui nous concerne, des expressions particulières, caractéristiques de chacune des grandes aires de civilisation. Mais des similitudes profondes et des aspirations communes déterminent notre Africanité.
L’Africanité obéit à la loi d’une dialectique du particulier et du général, de la spécificité et de l’universalité, c’est-à-dire de la vérité à la base et de l’unité au sommet.
Au-delà des similitudes et des convergences de formes de pensée, au-delà du fonds commun, l’Africanité, c’est aussi un destin partagé, la fraternité du combat libérateur et le même avenir a assumer de concert pour le maîtriser. L’Africanité est faite de la double source de nos héritages communs et de notre communauté de destins, et c’est pourquoi, à l’étape actuelle de notre développement historique, un certain nombre de problèmes liés à l’origine, à l’existence et au développement de notre culture méritent d’être examinés.
La conservation de la culture a sauvé les peuples africains des tentatives de faire d’eux des peuples sans âme et sans histoire. La culture les préserva. Il est bien évident qu’ils veulent désormais qu’elle leur serve à prendre le chemin du progrès et du développement car la culture, cette création permanente et continue, si elle définit les personnalités, si elle relie les hommes entre eux, impulse aussi le progrès.
Voilà pourquoi l’Afrique accorde tant de soins et de prix au recouvrement de son patrimoine culturel, à la défense de sa personnalité et à l’éclosion de nouvelles branches de sa culture.
II eût été commode pour certains, et confortable pour d’autres, qu’à l’indépendance politique nous ne mettions ni conditions, ni prolongements ; nous aurions pu nous contenter de cela et emprunter pensée, langage et art à ceux qui avaient eu la chance de poursuivre un développement interne harmonieux. Nous aurons pu ainsi nous contenter d’un passé culturel folklorique, d’une « culture du pauvre », et renoncer finalement à notre vraie liberté et à nos réelles indépendances.
La langue nationale joue en cela un rôle irremplaçable; elle est le support, le véhicule de la culture, le garant de sa base populaire au stade de sa création et à celui de sa consommation.
La langue est un des instruments de la vie des peuples, à la dimension de leur génie.
Evoluant avec eux, elle ne saurait leur être retirée sans les amputer, sans les blesser, sans les handicapper.
Néanmoins, pour survivre et pour combattre, une partie de nos peuples a dû apprendre la langue de nos colonisateurs.
Il n’y a pas de langue qui, au départ, soit plus apte quune autre à être le support de la science et du savoir. Une langue traduit et exprime ce que les hommes vivent et pensent. A partir du moment où notre développement fut interrompu, où nos cultures furent niées ou bafouées et l’enseignement de nos langues souvent interdit, il est évident qu’il nous faut redoubler d’efforts pour faire des langues africaines, des instruments efficaces de notre développement.
Dans nos langues africaines, ces valeurs, cette éthique, nous les retrouvons dans nos littératures orales ou écrites, dans nos contes dans nos légendes, dans nos dictons et nos proverbes qui sont les véhicules de la sagesse et de l’expérience vécues de nos peuples. Nos cultures africaines, porteuses de savoir et de spiritualité, sont une source intarissable d’inspiration pour nos arts et pour nos lettres. Nos artistes pourront y puiser des thèmes dynamiques dans lesquels nos peuples se reconnaîtront.
La connaissance de notre histoire établira scientifiquement les fondements de notre personnalité, et par là-même, elle sera un facteur de progrès en nous permettant de prendre nos mesures et de sonder nos possibilités.
Les modes d’organisation de la société africaine sont, pour nous, des enseignements qui nous permettront d’être nous-mêmes, tout en accédant au monde moderne.

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