AMSV et EAAF :une rencontre riche d’expérienceset pour des perspectives prometteuses

Par Youssef Chemlal.

Une première réunion de la mise en contact s’est tenue entre les membres de l’Association Marocaine d’aides aux Migrants en Situation Vulnérable (AMSV) et une délégation de l’Equipe Argentine d’Anthropologie médico-légale de Forense (Equipo Argentino de Antropología Forense – EAAF), le 25 juin 2024 au siège de bureau de l’association à Oujda – Maroc.Les membres du bureau de l’AMSV composé de My Hassane Ammari (Membre fondateur et Président de l’AMSV), de Fatima Ouahbi (Secrétaire Générale), d’Omer Mbombo Mukoko (Adjoint du Trésorier), de Youssef Chemlal (Membre fondateur, Chargé de Communication et d’Information) et de Konaté Makan (Agent de proximité) ont tenu cette première réunion d’échange d’expériences tellement fructueuses et de partage d’informations tellement pertinentes sur les thématiques et les problématiques concernant les migrations et les migrants dans tous ses aspects ainsi dans tous ses contextes avec la délégation de l’EAAF composée de Mercedes Maria Salado Puerto (Directrice programmatique d’Eurasie), de Claudia Bisso (Directrice du programme Afrique), et d’Anjli Parrin (Professeure à l’Université de Chicago, US et Directrice de la Clinique juridique). En effet, la première séance de cette réunion, qui a eu lieu dans un cadre conviviale, a connu le partage d’informations entre les deux organismes, à savoir leurs créations, leurs objectifs, leurs moyens, leurs activités ainsi leurs actions en faveur des migrants dans les différents contextes : local, national, régional et mondial. En outre, cette première séance a pu soulever les multiples défis, l’ensemble des contraintes et les perspectives de chaque ONG.L’ Équipe argentine d’anthropologie médico-légale (EAAF) est une organisation argentine non gouvernementale et à but non lucratif à caractère scientifique créée en 1984 à l’initiative d’organisations argentines de défense des droits de l’homme afin de développer des techniques d’anthropologie juridique (anthropologie médico-légale) pour aider découvrez ce qui est arrivé aux personnes disparues pendant la dictature militaire (1976 – 1983) et restituez-les à leurs familles respectives. Depuis 1986, l’équipe a travaillé dans 50 pays d’Amérique latine, d’Afrique, d’Europe et d’Asie, dans des pays comme la Bosnie, l’Angola, le Timor oriental, la Polynésie française, la Croatie, le Kurdistan irakien, le Kosovo, et l’Afrique du Sud …. Et bien d’autres pays. L’EAAF est une institution scientifique qui applique des méthodologies et des techniques de différentes branches des sciences médico-légales pour l’enquête, la recherche, la récupération, la détermination de la cause du décès, l’identification et le retour des personnes disparues. EAAF travaille avec les victimes de disparitions forcées, la violence ethnique, politique, institutionnelle, sexiste et religieuse, disparitions actuelles, trafic de drogue, trafic d’êtres humains, crime organisé, processus migratoires, guerres et conflits armés, accidents et catastrophes. Le travail de l’Équipe repose sur les principes des droits de l’homme, du droit international humanitaire et, fondamentalement, du respect du droit individuel et collectif à l’identité, à la vérité et à la justice. Actuellement, l’EAAF compte plus de 60 membres. Il couvre différents domaines scientifiques tels que l’anthropologie, l’archéologie, la médecine, la biologie, la génétique, la physique, l’architecture, l’informatique et la géographie. Il comprend également les domaines de l’administration, du développement institutionnel et de la communication. Depuis sa création en 1984, les objectifs de l’EAAF sont les suivants :* Rechercher, récupérer et identifier les restes de personnes disparues dans des contextes de violence, combinant différentes disciplines scientifiques.* Restituez les restes à leurs familles, dans le respect de leurs valeurs et croyances.* Fournir des preuves scientifiques à la Justice.* Promouvoir l’application de la science aux enquêtes médico-légales multidisciplinaires.* Intégrer de nouvelles techniques et technologies pour améliorer les capacités de recherche et d’identification des victimes de violations des droits de l’homme.* Former des professionnels tels que des juges, des procureurs, des médecins légistes et des forces de sécurité.* Créez des instances de collaboration et de formation avec les membres de la famille et les organisations non gouvernementales. L’EAAF dispose d’un espace international de formation. Il propose des cours spécialisés aux juges, procureurs, médecins légistes, enquêteurs des forces de sécurité, fonctionnaires, organisations de la société civile et associations de familles de victimes. Le transfert de connaissances est un élément fondamental de la politique de travail de l’équipe, avec une longue histoire de formation à travers le monde.Son intervention intervient dans le cadre de dossiers judiciaires ou de projets humanitaires de récupération et d’identification de corps, souvent à la demande de proches de personnes disparues. L’EAAF est également appelée en tant qu’expert et conseiller par les tribunaux locaux et internationaux, les commissions d’enquête, les commissions de vérité et d’autres entités. Tout au long de son histoire, l’EAAF a participé à des missions dans plus de 50 pays sur tous les continents.Elle agit également à la demande de diverses entités :- Tribunal pénal international des Nations Unies pour l’ex-Yougoslavie (Croatie, Bosnie et Kosovo, de 1996 à 2000)- Cour pénale internationale (République démocratique du Congo, 2014 ; Côte d’Ivoire, 2015)- Comité international de la Croix-Rouge (Sri Lanka, 2005 ; Géorgie/Abkhazie, 2013-présent ; Colombie, 2010-présent ; Liban, 2015 ; Iran/Irak, 2010-présent ; Libye, 2011 ; Ukraine, 2015)- Comité des personnes disparues de Chypre (2006-présent)- Gouvernements du Vietnam, de Thaïlande, de Bolivie et du Paraguay (par le biais du Fonds argentin pour la coopération Sud-Sud et triangulaire, 2010-présent)- Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (missions en République démocratique du Congo, en Côte d’Ivoire, au Togo et en Sierra Leone, depuis 1997)- Commission d’enquête des Nations Unies sur la République démocratique du Congo (1997, 2003).- Commission médico-légale pour la vérité mexicaine (2013 à aujourd’hui) formée par le Bureau du Procureur général (PGR) et 9 ONG du Mexique et d’Amérique centrale.- Commission spéciale pour la recherche des victimes de disparitions forcées du Brésil (Comissão Especial sobre os Mortos e Desaparecidos Políticos) (1996 à 2000)- Des ONG de proches de personnes disparues telles que Mujer, Justicia para nuestra Hijas ; Parents d’Ayotzinapa, du Mexique.- Projet Frontière : un mécanisme régional pour les migrants disparus dans le corridor Amérique centrale-Mexique-États-Unis. Banques de données médico-légales au Salvador, au Honduras, dans l’État du Chiapas et dans l’État d’Oaxaca, entre autres. En ce qui concerne le proyecto Frontera (Le projet Frontera) a connu trois phases pertinentes tout au long de son développement. Dans sa première phase, en 2009, un diagnostic régional a été réalisé sur le problème des migrants disparus dans le corridor. Depuis 2010, les banques de données médico-légales sur les migrants non localisés ou disparus ont été créées, augmentant et améliorant la quantité et la qualité des informations sur le sujet. Enfin, des mécanismes et des accords ont été créés pour l’échange d’informations sur les migrants disparus et les restes non identifiés sur la route migratoire Amérique centrale-Mexique vers les États-Unis. Le modèle gouvernemental et non gouvernemental des banques de données médico-légales fonctionne avec succès, produisant des identifications de migrants non localisés parmi les dépouilles, les rendant à leurs familles, fournissant des preuves pour mener à bien des procédures judiciaires dans certains cas, organisant les données et renforçant la société civile et les comités et organisations de familles de migrants non localisés. L’expansion progressive de l’échange d’informations médico-légales permettra de mettre en place un mécanisme de plus en plus régional, augmentant les identifications et fournissant un modèle pouvant être reproduit dans d’autres couloirs de migration à travers le monde. Pour sa part, l’Association Marocaine d’Aides aux Migrants en Situation Vulnérable (AMSV), qui a été crée en 2017 à Oujda (nord-est du Maroc) par quelques activistes marocains de défense des Droits humains des migrants en intégrant les communautés des migrants dans une approche des droits de l’Homme et humanitaire, suite aux axes bien définis et des objectifs bien précis, à savoir : * Pour la liberté de circulation.* Contre la criminalisation des migrants et de la solidarité.* Contre la militarisation et l’externalisation des frontières.L’AMSV a pu forger une dynamique pluridisciplinaire et tellement pertinente à plusieurs niveaux en faveur des personnes migrantes pour donner la voix à ceux qui sont sans voix et rendre visibles ceux qui sont invisibles. Comme elle accompagne les migrants marocains et subsahariens ainsi les familles et les proches des migrants morts et/ou disparus en mer et aux frontières et elle les assiste aux différentes démarches administrative, juridique et judiciaire, en quête de la vérité et de la justice. L’AMSV a pu réussir dans un temps record malgré le manque des ressources humaines ainsi des moyens logistiques et financiers de bien se positionner dans la cartographie des ONG crédibles dans la défense des droits basiques et les libertés fondamentales de chaque personne migrante, surtout ceux qui sont vulnérables n’importe où dans le monde et n’importe quand par un ensemble des activités et des actions qu’elle les organise aves ses partenaires engagés ou auxquelles a participé tant au niveau national qu’international, cela d’une part.D’autre part, concernant les activités que l’ONG a pu organiser, on peut citer à titre d’exemple :* Des cycles de formation et d’informationCes cycles de formation et d’information sur « les Migrations et les Droits » organisés par AMSV et ses partenaires aux profits des étudiants du Master des deux facultés: celle des sciences juridiques, économiques et sociales, ainsi celle des lettres et sciences humaines de l’Université Mohammed Premier (UMP) d’Oujda, en plus, des communautés des migrants, des journalistes et des acteurs locaux des la société civile sur des modules thématiques :- Les terminologies et les concepts liés aux migrations, ainsi la communication et droit à l’information.- Les législations nationales, droits internationaux, droit international humanitaire et migrations.- Les politiques migratoires dans les pays du nord et les pays du sud.- Les vulnérabilités des migrants et les routes migratoires.- Les ONG nationales et internationales et les migrations.- Les pratiques des médias dans les migrations.Ces projets amènent ce public ciblé à acquérir un bagage humanitaire et juridique au niveau national, régional et international basé sur une approche des droits de l’Homme des migrants.Sans oublier, l’accueil de plusieurs doctorants chercheurs dans les migrations et un ensemble des organes de presse nationaux et internationaux * Rencontres avec les familles des migrants disparus et détenus dans les routes migratoires. (Oujda, Jerada, Nador et Taourirt …)L’AMSV a mené et mène toujours des actions et organise des activités en faveur des familles et des proches des migrants disparus et des migrants détenus dans les routes migratoires suite aux axes suivants:- Sensibiliser, former et informer les familles et les proches des personnes migrantes mortes et / ou disparues, en plus celles qui sont détenues dans les centres de détention et les prisons sur les différentes démarches et procédures adéquates par le biais des sommets, des conférences, des rencontres, des forums, des meetings, des ateliers, des tables rondes, des sit-in, des caravanes, des marches, des Médias et des Réseaux Sociaux … etc. aux niveaux national et international, comme en Tunisie, Niger, Espagne, France, Italie, Belgique, Mexique et bien d’autres pays ;- Accompagner et assister, tant au niveau administratif que juridique et judiciaire, les familles et les proches des personnes migrantes mortes et / ou disparues en mer et aux frontières, ainsi celles qui sont détenues ou emprisonnées dans des centres de détention ou des prisons ;- Plaidoyer en faveur les familles et les amis des migrants morts et / ou disparus ainsi ceux qui sont en détention en quête de la vérité et de la justice….. ;- Informer les institutions publiques marocaines et internationales, les ONG nationaux et internationaux ainsi les médias …etc. par le biais des lettres ouvertes (des correspondances), des déclarations communes, des communiqués de presse, des sit-in sur les dossiers des familles et des proches des migrants portés disparus et / ou détenus dans leurs routes migratoires.* Digitalisation de la base des données d’AMSV Suite aux enjeux de la transformation numérique, l’AMSV élabore un projet portant sur l’organisation et la structuration de son travail ainsi ses actions menées au niveau de la gestion et le traitement des dossiers des migrants disparus et / ou décédés en mer et aux frontières, ainsi ceux qui sont détenus dans des centres de détention et des prisons. A cet effet, le projet de la Digitalisation de la base des données d’AMSV se focalise sur la digitalisation de la base des données fiables et actualisées par AMSV en traitant ces dossiers pour bien améliorer la communication tant au niveau interne qu’externe. A cet effet, ce projet va apporter une meilleure collecte des données, ainsi qu’un traitement amélioré des informations.Quant à la deuxième séance de cette première réunion entre AMSV et EAAF, s’est consacrée sur une présentation détaillée par AMSV sur les différentes routes, trajets et itinéraires migratoires (surtout terrestres et maritimes) empruntées par les migrants et les demandeurs d’asile dans des mouvements migratoires mixtes depuis leurs pays d’origine, passant par des pays de transit et/ou d’accueil et en arrivant aux pays d’installation. Ces routes migratoires sont devenues de plus en plus dangereuses à cause de la fermeture des frontières, leur militarisation et leur externalisation suite aux politiques migratoires plus réticentes et plus meurtrières soit par les pays du nord (les Etats de l’UE et ses institutions, comme Frontex), soit par les pays du sud, dites des pays tiers qui jouent le rôle du gendarme.En effet, ces politiques migratoires meurtrières ont contribués d’une manière directe et flagrante aux nombres élevés et croissants des migrants morts et des disparus en mer, au désert et aux frontières. En plus, ceux qui sont criminalisés et qui sont détenus dans les différents centres de détention et des prisons, parfois même sans jugement. Sans parler, des violations flagrantes, dégradantes et inhumaines des droits des migrants au nord comme au sud (arrestations arbitraires, détentions, refoulements, push back, viols, exploitations …etc.) soit par les gardes frontaliers soit par les mafias et les réseaux de trafic des Etres humains et la traite, cela d’une part.D’autre part, l’AMSV a présentée des informations fiables et concrètes (données et statistiques) sur les dossiers qu’elle a reçus des proches des migrants morts, disparus et détenus, ainsi qu’elle a traités dans le cadre d’un suivi permanent et une assistance quotidienne aux différentes démarches administrative et juridique avec les différents institutions adéquates. AMSV a aussi présenté un guide qu’elle l’a élaboré dernièrement qui explique aux familles des migrants morts et disparus en mer et aux frontières les différentes démarches à procéder. (*) Youssef Chemlal, Membre fondateur, Chargé de Communication et d’Information à l’AMSV.

Sources : Wikipédia, EAAF.org & AMSV

اظهر المزيد

مقالات ذات صلة

اترك تعليقاً

لن يتم نشر عنوان بريدك الإلكتروني. الحقول الإلزامية مشار إليها بـ *

زر الذهاب إلى الأعلى