Scandale de financement libyen : Sarkozy soupçonné

L’affaire du financement libyen, également connue sous le nom d’affaire Sarkozy-Kadhafi, concerne des soupçons selon lesquels la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 aurait été financée illégalement par le régime libyen de Mouammar Kadhafi.

Cette affaire politico-financière, qui a émergé il y a plus d’une décennie, est devenue l’un des scandales les plus retentissants de la politique française contemporaine. Voici un résumé clair et structuré de ce dossier complexe, basé sur les informations disponibles jusqu’à aujourd’hui, 27 mars 2025.

Contexte et origines

Tout commence en 2005, lorsque Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, se rend à Tripoli pour rencontrer Mouammar Kadhafi. Selon les accusations, un « pacte de corruption » aurait été scellé à ce moment-là, impliquant un soutien financier libyen pour la campagne de Sarkozy en échange de contreparties, comme la réhabilitation de Kadhafi sur la scène internationale.

L’affaire éclate publiquement en 2011, peu avant la chute de Kadhafi, lorsque son fils Saïf al-Islam affirme que la Libye a financé Sarkozy.

En 2012, le journal Mediapart publie des documents suggérant un versement de 50 millions d’euros, bien au-delà des 20 millions d’euros officiellement déclarés pour la campagne.

Les protagonistes

  • Nicolas Sarkozy : Ancien président français (2007-2012), accusé d’être le « commanditaire » du pacte. Il est jugé pour corruption passive, financement illégal de campagne, association de malfaiteurs et recel de détournement de fonds publics libyens.
  • Claude Guéant : Proche de Sarkozy, ex-directeur de cabinet et secrétaire général de l’Élysée, soupçonné d’avoir été un intermédiaire clé. Un virement de 500 000 euros reçu en 2008 est au cœur des débats.
  • Brice Hortefeux : Ancien ministre et fidèle de Sarkozy, accusé d’avoir négocié avec des responsables libyens.
  • Ziad Takieddine : Homme d’affaires franco-libanais, intermédiaire présumé, qui a affirmé avoir transporté des valises d’argent entre Tripoli et Paris, avant de se rétracter puis de réaffirmer ses accusations.
  • Autres figures : Éric Woerth (trésorier de la campagne), Alexandre Djouhri (intermédiaire), Bachir Saleh (ex-directeur de cabinet de Kadhafi), et plusieurs dignitaires libyens.
  • Des documents libyens (dont une note attribuée à l’ex-ministre libyen Bachir Saleh) mentionneraient un accord secret.

Les éléments de l’enquête

L’enquête, ouverte en 2013, repose sur plusieurs indices :

  • Documents : Les carnets de Choukri Ghanem, ancien ministre libyen mort en 2012, mentionnent des paiements à Sarkozy. Une note de 2006, publiée par Mediapart, évoque un accord pour 50 millions d’euros.
  • Témoignages : Takieddine a décrit des livraisons d’argent liquide. D’autres responsables libyens, comme Baghdadi al-Mahmoudi, ont corroboré ces allégations.
  • Flux financiers : Des traces bancaires existent, comme les 500 000 euros versés à Guéant ou un virement de 440 000 euros à Thierry Gaubert, ex-collaborateur de Sarkozy, via des comptes offshore.
  • Circonstances : L’exfiltration de Bachir Saleh de France en 2012, organisée par des proches de Sarkozy, est vue comme une tentative de dissimulation.

Cependant, aucune preuve irréfutable d’un versement direct à la campagne n’a été trouvée, ce que la défense de Sarkozy met en avant, arguant que ses comptes ont été minutieusement vérifiés sans anomalie.

L’affaire a alimenté les théories sur les liens troubles entre certains dirigeants français et des régimes autoritaires.

Elle reste un symbole des soupçons d’ingérence étrangère dans les démocraties.

Le procès

Le procès s’est ouvert le 6 janvier 2025 devant le tribunal correctionnel de Paris et doit se conclure le 10 avril 2025. Sarkozy et 11 co-prévenus (un 13e est décédé) y sont jugés. Le Parquet national financier (PNF) a requis, le 27 mars 2025, sept ans de prison, 300 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité contre Sarkozy, le qualifiant de « véritable décisionnaire » d’un pacte « inconcevable » avec Kadhafi. Des peines ont aussi été demandées contre Guéant (six ans), Hortefeux (trois ans), et d’autres prévenus.

Sarkozy clame son innocence, dénonçant un complot et l’absence de preuves concrètes. Il souligne que les accusations viennent de responsables libyens cherchant à se venger de son rôle dans l’intervention militaire de 2011 en Libye.

Son avocat, Jacqueline Laffont, argue du manque de preuves tangibles.

Enjeux et implications

Cette affaire est historique : jamais un ancien président français n’avait été confronté à des réquisitions aussi lourdes. Elle soulève des questions sur la transparence du financement politique et les relations entre la France et des régimes autoritaires. Le verdict, attendu après avril 2025, pourrait marquer un tournant dans la carrière de Sarkozy, déjà condamné dans d’autres dossiers (Bismuth, Bygmalion).

En résumé, l’affaire du financement libyen est un puzzle complexe mêlant politique, argent et diplomatie, où les indices s’accumulent sans certitude absolue. Elle illustre les défis de prouver la corruption à ce niveau, tout en captivant l’opinion publique par son ampleur et ses ramifications.

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