
Rabat – 18 mai 2025
Dans un discours cinglant, Mohamed Ouzzine, figure de proue du Mouvement Populaire, a exprimé sa colère et sa stupéfaction face à l’échec de l’initiative de vote de censure visant à retirer la confiance au gouvernement actuel. Cet échec, attribué au retrait soudain de l’un des partis de l’opposition, met en lumière des fissures profondes dans la coordination entre les formations d’opposition et soulève des questions sur leur capacité à former un front uni face à la majorité gouvernementale. Entre accusations d’« appropriation » et refus de toute monopolisation de l’initiative, le discours d’Ouzzine apparaît comme un cri politique révélant les défis auxquels est confronté le travail de l’opposition au Maroc.
Ouzzine a débuté en exprimant le choc du Mouvement Populaire face à la décision d’un des partis de l’opposition de se retirer du cadre de coordination, alors qu’une réunion finale était prévue le dimanche pour finaliser les préparatifs du vote de censure. Au lieu d’un débat interne au sein du comité de coordination, l’annonce du retrait a été publiée dans un communiqué de presse, un acte qu’Ouzzine a qualifié de « véritable absurdité ». Ce comportement, selon lui, trahit un manque d’engagement envers l’action collective et expose une faiblesse dans la communication entre les composantes de l’opposition, censées s’accorder sur une stratégie commune.
L’affaire ne s’est pas arrêtée au retrait, mais s’est aggravée avec l’utilisation du terme « appropriation » pour décrire l’initiative du vote de censure, ce qui a particulièrement irrité Ouzzine. Il a rejeté cette accusation en bloc, affirmant que « l’appropriation, c’est le vol », et que le vote de censure n’appartient pas à un seul parti pour qu’on puisse l’accuser de le voler. Il a interrogé avec véhémence : « S’il y a appropriation, qui l’a commise ? Le Mouvement Populaire, le PPS, le PJD, ou d’autres ? », soulignant que l’accusation portée contre trois composantes révèle une tentative de monopolisation de l’initiative par un parti, en contradiction avec le principe de « propriété collective » qui devait guider l’action commune.
Ouzzine ne s’est pas contenté de répondre aux accusations, mais a réaffirmé l’attachement du Mouvement Populaire au principe du vote de censure, annonçant la poursuite des discussions avec les autres parties engagées. Il a insisté sur le fait que son parti ne reculera pas face aux pressions et continuera à dire la vérité, car son rôle en tant qu’opposition est de « transmettre les souffrances des citoyens ». Dans ce contexte, il a souligné que leurs critiques, bien que sévères, restent dans les limites de la décence et du respect, loin des insultes ou des diffamations, reflétant un réel ressenti des difficultés des citoyens confrontés à l’inflation, au chômage et à la mauvaise gestion gouvernementale.
D’un point de vue analytique, le discours d’Ouzzine met en évidence une crise de confiance au sein de l’opposition, où l’absence d’une vision commune claire, combinée à des différends sur la « propriété » des initiatives politiques, a affaibli le front oppositionnel. Le retrait d’un parti, non nommé explicitement par Ouzzine, révèle la fragilité de la coordination, surtout à l’approche des élections législatives de 2026, où la compétition entre partis s’intensifie pour gagner la faveur des électeurs. L’utilisation de termes forts comme « appropriation » traduit une tension sans précédent, susceptible d’entraver les futures tentatives d’unification de l’opposition.
En conclusion, le discours d’Ouzzine est une tentative de reprendre l’initiative politique tout en adressant un message clair aux citoyens : le Mouvement Populaire ne renoncera pas à son rôle de contrôle. Cependant, la réussite de ce rôle exige de surmonter les différends internes et de construire une alliance d’opposition forte et capable de défier la majorité gouvernementale. L’opposition parviendra-t-elle à dépasser cette crise et à retrouver son élan, ou les divisions continueront-elles à freiner ses ambitions ?
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