Nabil Benabdallah à Taza : l’échec cuisant du gouvernement à honorer ses promesses

Taza – 18 mai 2025
Dans un discours percutant prononcé le samedi 17 mai 2025 à Taza, Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS), a lancé une charge virulente contre le gouvernement actuel dirigé par Aziz Akhannouch, l’accusant d’un échec retentissant dans la réalisation des engagements pris envers les citoyens. Du chômage galopant à l’aggravation de la pauvreté, en passant par les ratés de la couverture sociale et la mauvaise répartition des aides publiques, Benabdallah a dressé un bilan accablant de ce qu’il qualifie de « catastrophe économique et sociale » que traverse le Maroc, appelant à une reddition de comptes et à une correction urgente du cap.

Benabdallah a commencé par pointer l’incapacité du gouvernement à atteindre les objectifs de croissance économique, alors qu’il s’était engagé à porter le taux de croissance à 4 %. Pourtant, ce taux n’a jamais dépassé 3 % dans les meilleures années, malgré la pleine conscience des défis mondiaux tels que la pandémie de Covid-19 et la sécheresse. Cet échec, selon lui, révèle l’absence d’une vision économique cohérente, particulièrement manifeste dans la hausse du chômage à 13,3 %, avec la perte de centaines de milliers d’emplois, portant le nombre de chômeurs à plus de 1,6 million. Il a également souligné l’exode croissant des compétences des villes comme Taza, menaçant de vider ces régions de leur potentiel humain.

Le réquisitoire ne s’est pas limité à l’économie, mais a englobé des enjeux sociaux pressants. Le gouvernement avait promis de porter la participation des femmes au marché du travail à 30 %, mais cette proportion a chuté de 19 % à 18 %. De même, l’objectif de sortir un million de familles de la pauvreté s’est soldé par un échec cinglant : selon les rapports de la Haute Commission au Plan, 3,2 millions de Marocains sont tombés sous le seuil de pauvreté. Concernant la couverture sociale, vantée comme universelle par le gouvernement, Benabdallah a révélé que 8,5 millions de personnes, anciennement bénéficiaires du régime RAMED, en sont désormais exclues. Il a également dénoncé le fait que 95 % des dépenses de santé profitent aux cliniques privées, au détriment des hôpitaux publics.

S’agissant des aides sociales, Benabdallah a formulé des accusations graves, affirmant que l’aide directe, dont bénéficient 4 millions de personnes à hauteur de 500 dirhams, est insuffisante face à l’inflation sans précédent. En revanche, il a pointé du doigt l’allocation de sommes colossales, atteignant 20 milliards de dirhams, pour subventionner l’importation de viande (« faraqchia »), au profit d’un nombre restreint d’individus, souvent pour des raisons politiques et électoralistes. Il a vivement critiqué le refus du gouvernement de constituer une commission d’enquête sur cette affaire, y voyant un signe de « peur de révéler la vérité ».

Benabdallah n’a pas épargné le style du chef du gouvernement, qualifiant ses déclarations d’« arrogantes », notamment lorsqu’il a minimisé les interventions des parlementaires ou proféré des menaces voilées contre ses détracteurs. Il a également évoqué le cas d’une députée sanctionnée pour avoir critiqué le gouvernement, un précédent qu’il juge inquiétant pour la pratique démocratique.

En conclusion, Benabdallah a appelé à une évaluation sérieuse de la performance gouvernementale, affirmant que ses prétendus « exploits sans précédent » ne reflètent pas la réalité douloureuse vécue par les Marocains. Face à l’inflation et au chômage galopants, la question demeure : le gouvernement parviendra-t-il à restaurer la confiance des citoyens, ou restera-t-il incapable de relever les défis ? Le discours de Benabdallah à Taza n’est pas seulement une critique politique, mais un appel à rebâtir la confiance à travers des politiques justes et transparentes au service des citoyens.

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