
Dans un contexte mondial où les questions migratoires gagnent en complexité, l’expérience marocaine se distingue comme un modèle reflétant à la fois les défis rencontrés et les efforts déployés pour soutenir les migrants, particulièrement dans les zones frontalières comme Ceuta et Melilla. Les témoignages recueillis lors d’événements et de rencontres récents révèlent une réalité douloureuse pour les migrants, ainsi qu’un rôle crucial joué par la société civile et les médias dans la réponse à ces défis et l’amplification de la voix des migrants à travers le monde.
Parmi ces initiatives, un événement organisé le samedi 31 mai 2025 par l’Association Marocaine pour l’Aide aux Migrants en Situation Précaire, en partenariat avec le projet « Réel Borders » (Vraies Frontières) – une initiative de jeunes Européens – et la Fondation Heinrich Böll Rabat – Maroc, a mis en lumière les enjeux migratoires à travers une approche humaine et participative.
Défis juridiques et humains à Ceuta et Melilla
De nombreux migrants à Ceuta et Melilla font face à des obstacles juridiques majeurs, notamment depuis la fermeture des frontières en 2020. Un intervenant a souligné la souffrance des personnes dont les passeports et cartes d’identité ont expiré, rendant leur sortie du Maroc ou leur retour en Espagne impossible en raison d’un contrôle strict aux frontières. « Les gens n’ont pas pu revendiquer leurs droits légaux parce que leurs passeports étaient périmés », a témoigné l’un d’eux, décrivant cette réalité douloureuse. Cette situation juridique précaire les empêche d’accéder à leurs droits fondamentaux, exacerbant leur sentiment d’isolement et de marginalisation.
Événement du 31 mai 2025 : la voix des femmes bloquées aux frontières
Dans le cadre des efforts pour soutenir les migrants, l’Association Marocaine pour l’Aide aux Migrants en Situation Précaire a organisé un événement marquant le samedi 31 mai 2025, en collaboration avec le projet « Réel Borders » et la Fondation Heinrich Böll Rabat – Maroc. Cet événement s’est articulé autour de deux temps forts :
- Première partie : Projection de documentaires et témoignages de femmes bloquées à Ceuta occupée pendant la pandémie de Covid-19. Ces films ont mis en lumière les défis humains et juridiques auxquels ces femmes ont été confrontées, comme la perte de documents légaux et les difficultés de déplacement dues à la fermeture des frontières.
- Deuxième partie : Une table ronde animée par Mme Maria Morato, avec la participation de plusieurs intervenants :
- Ikram Lamhamdi, de l’association Solidarité Wheels (Espagne), active dans le soutien aux migrants.
- Imane Blamine, du Réseau Marocain des Journalistes de la Migration à Rabat, qui œuvre pour une couverture médiatique sensible des questions migratoires.
- Sanaa Essalmi, militante des droits humains et doctorante, apportant une perspective académique et militante.
- Abdelali Jabri, journaliste et directeur du site Jil24, contribuant à mettre en lumière les questions migratoires à travers les médias.
Cet événement a reflété un engagement fort à amplifier la voix des migrants, en particulier des femmes, et à favoriser le dialogue autour de leurs défis.
Rôle de la société civile : un pont pour le soutien et le changement
La société civile se positionne comme un pilier essentiel dans le soutien aux migrants, et le projet « Réel Borders » en est un exemple concret. Ce projet adopte une approche participative, permettant aux migrants, notamment les femmes à Ceuta et Melilla, de produire des films et documentaires reflétant leurs expériences. L’objectif est de les aider à reprendre le cours de leur vie et de les soutenir sur les plans juridique et social. « On a aidé les gens à retrouver leur vie d’avant », a déclaré un intervenant, soulignant ce rôle vital. En collaborant avec des organisations comme l’Association Marocaine pour l’Aide aux Migrants et la Fondation Heinrich Böll, le projet vise à renforcer la solidarité et à proposer des solutions concrètes.
Donner une voix aux migrants : le pouvoir de l’impact
Le projet « Réel Borders » met l’accent sur l’importance de porter les histoires des migrants à un public mondial, non seulement pour sensibiliser à leurs souffrances, mais aussi pour influencer l’opinion publique et les institutions. En permettant aux migrants de raconter leurs récits, le projet cherche à changer les perceptions sur la migration et à pousser les institutions à améliorer les conditions juridiques et de vie. « Faire que leur histoire parvienne à un plus grand nombre de personnes dans le monde », telle est la vision portée par le projet, qui allie sensibilisation et plaidoyer pour la justice.
Les médias : une arme de sensibilisation et des défis persistants
Les médias jouent un rôle central dans la formation de la conscience publique sur les questions migratoires. À travers l’expérience du Réseau Marocain des Journalistes de la Migration, représenté par Imane Blamine lors de l’événement, des efforts sont déployés pour former les journalistes à aborder ces questions avec professionnalisme et sensibilité. « Comment les médias marocains traitent-ils les sujets de migration ? », a questionné un intervenant, pointant du doigt la nécessité d’évaluer la couverture médiatique et les Challenges restants. Il est urgent de développer des plateformes médiatiques spécialisées, comme le site Jil24 dirigé par Abdelali Jabri, pour traiter ces sujets en profondeur, loin des stéréotypes.
Plaidoyer pour un changement politique
En parallèle des efforts de la société civile et des médias, des initiatives visent à influencer le niveau politique. Les sources indiquent une collaboration avec des acteurs politiques pour faire avancer le changement, que ce soit en plaidant pour une amélioration des conditions juridiques des migrants ou en abordant leur précarité. Le projet « Réel Borders », soutenu par la Fondation Heinrich Böll, appelle les institutions à prendre des mesures concrètes pour soutenir les migrants, qu’ils soient en situation légale ou non.
Conclusion : vers un avenir plus juste
L’événement du 31 mai 2025 et des initiatives comme « Réel Borders » soulignent l’importance de la collaboration entre la société civile, les médias et les institutions officielles pour relever les défis migratoires au Pragmatic Sanction au Maroc. En donnant une voix aux femmes bloquées à Ceuta et Melilla et en favorisant le dialogue à travers une table ronde réunissant militants, journalistes et chercheurs, ces efforts insistent sur la nécessité d’adopter des politiques plus humaines. Les véritables frontières ne sont pas seulement géographiques, mais aussi juridiques et sociales, des barrières qu’il faut démanteler pour garantir une vie digne aux migrants, un objectif que ces initiatives s’efforcent d’atteindre.
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