
Rabat – 5 mai 2025
Selon une note d’information de la Haute Commission au Plan (HCP) sur la situation du marché du travail au premier trimestre 2025, cinq régions concentrent 72 % de la population active âgée de 15 ans et plus, tandis que le chômage continue d’atteindre des niveaux élevés dans des régions comme l’Oriental et les provinces du Sud. Ces données mettent en lumière des défis structurels dans la répartition des opportunités économiques et appellent à repenser les politiques économiques régionales pour une croissance plus équilibrée.
Concentration de l’activité économique : cinq régions dominent
La région de Casablanca-Settat se place en tête avec 22,3 % de la population active, confirmant son statut de poumon économique du Maroc grâce à la concentration des activités industrielles, commerciales et de services. Elle est suivie par Rabat-Salé-Kénitra (13,2 %), portée par les institutions administratives et les projets d’investissement, puis Marrakech-Safi (13 %), qui bénéficie du tourisme et de l’agriculture, Fès-Meknès (11,9 %) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima (11,7 %), dynamisées par l’industrie et le commerce extérieur.
Quatre régions dépassent le taux d’activité national (42,9 %) : Tanger-Tétouan-Al Hoceima (47,1 %), les provinces du Sud (45,6 %), Casablanca-Settat (45,1 %) et Marrakech-Safi (43,1 %). En revanche, les régions de Souss-Massa (40,1 %), Béni Mellal-Khénifra (39,9 %) et l’Oriental (39,3 %) enregistrent les taux d’activité les plus faibles, reflétant une dynamique économique limitée et un manque d’opportunités d’emploi.
Chômage : un défi majeur dans l’Oriental et le Sud
Concernant le chômage, 70 % des chômeurs se concentrent dans cinq régions. Casablanca-Settat arrive en tête avec 23 % du total des chômeurs, suivie de Fès-Meknès (13,2 %), l’Oriental (12,2 %), Rabat-Salé-Kénitra (11,9 %) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima (9,8 %). La région de l’Oriental affiche le taux de chômage le plus élevé au niveau national (25,2 %), suivie des provinces du Sud (23,8 %). Deux régions dépassent le taux national de chômage (13,3 %) : Casablanca-Settat (13,7 %) et Fès-Meknès (14,7 %).
À l’opposé, les régions de Drâa-Tafilalet (8 %), Marrakech-Safi (8,9 %) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima (11,2 %) enregistrent les taux de chômage les plus bas, témoignant d’un certain succès dans la création d’emplois, notamment dans le tourisme et l’industrie. Toutefois, le chômage de longue durée reste un défi majeur, des rapports antérieurs indiquant que 66,8 % des chômeurs recherchent un emploi depuis plus d’un an, un phénomène particulièrement marqué chez les femmes et les diplômés.
Défis structurels et perspectives de réforme
Ces chiffres révèlent des disparités régionales profondes sur le marché du travail marocain, avec une concentration des opportunités dans les régions urbaines et industrielles, tandis que d’autres souffrent d’un faible dynamisme économique. Des facteurs tels que la sécheresse, le recul des emplois agricoles et la migration des jeunes des zones rurales aggravent la crise dans des régions comme l’Oriental et le Sud. L’absence d’un registre national du chômage et la limitation des indemnisations entravent également la mise en place de politiques d’emploi efficaces.
Le gouvernement cherche à renforcer l’emploi à travers des programmes comme « Idmaj » et « Tahfiz », qui ont soutenu l’insertion de dizaines de milliers de personnes entre 2017 et 2019, ainsi que par le renforcement de l’inspection du travail et le développement du statut d’auto-entrepreneur. Cependant, des défis persistent, notamment l’amélioration de la qualité de l’emploi, la réduction du travail informel et l’augmentation de la participation des femmes, qui ne dépasse pas 21 % sur le marché du travail.
Conclusion : vers des politiques régionales équilibrées
La situation du marché du travail au Maroc souligne la nécessité d’adopter une approche régionale axée sur la diversification économique dans les zones marginalisées, le renforcement de la formation professionnelle et le soutien aux secteurs prometteurs comme l’industrie verte et les technologies. Transformer ces défis en opportunités nécessite une collaboration entre le gouvernement, le secteur privé et la société civile pour garantir un développement inclusif, réduire les écarts régionaux et stabiliser le marché du travail.
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