L’USFP justifie son retrait du vote de censure : l’« appropriation » de l’initiative menace l’unité de l’opposition

Rabat – 18 mai 2025
En marge de la quatrième session du Conseil national du Parti socialiste unifié (USFP), les dirigeants du parti, dont Idriss Lachgar, premier secrétaire, Abdelhamid Jmahri, membre du bureau politique et directeur de publication du journal Al Ittihad Al Ichtiraki, ont livré des déclarations révélant les raisons du retrait du parti de la coordination avec les autres partis de l’opposition concernant le vote de censure.

Cette décision, qui a suscité une vive controverse, met en lumière des tensions profondes au sein de l’opposition et souligne les défis de l’unification face au gouvernement actuel. Entre accusations d’« appropriation » de l’initiative et réaffirmation du rôle historique du parti, l’USFP cherche à réaffirmer sa position en tant qu’opposition responsable plaçant l’intérêt national au-dessus des calculs partisans.

Idriss Lachgar a affirmé que le vote de censure constitue une « propriété intellectuelle et politique » de l’USFP, rappelant son engagement historique dans cette démarche constitutionnelle depuis 1964 et 1990.

Il a souligné que le parti était à l’origine de cette initiative dans le contexte actuel, les consultations ayant débuté il y a un an et demi. Toutefois, il a exprimé son regret face au « manque de sérieux » de certains partis de l’opposition, qui ont tenté d’« approprier » l’initiative après avoir renié leurs positions initiales, une attitude qu’il a qualifiée de « désinformation de l’opinion publique ».

Il a expliqué que les divergences sur la présentation ou la lecture du vote, combinées à des calculs partisans visant à « réduire » le rôle de l’USFP, ont conduit le parti à se retirer de la coordination, pour reprendre son rôle d’« opposition responsable » plaçant « l’intérêt de la nation » avant celui du parti.

De son côté, Abdelhamid Jmahri a estimé que le vote de censure représentait une opportunité majeure pour promouvoir l’éducation politique et restaurer la confiance dans les institutions démocratiques, en particulier parmi les jeunes. Il a critiqué ce qu’il a décrit comme une « désinformation et une manipulation » de la part de certains partis ayant tenté de s’approprier l’initiative ou d’entraver son cours, insistant sur le refus du parti de laisser son rôle historique dans « l’élaboration de la démocratie » être confisqué.

Les déclarations ne se sont pas limitées à la question du vote de censure, mais ont également abordé le contexte organisationnel du parti. Lachgar a annoncé les préparatifs du douzième congrès national, qui incluront des discussions sur la date de l’événement et la formation de comités préparatoires, dans le cadre de ce qu’il a qualifié de « caractère démocratique authentique » des militants de l’USFP.

Il a également évoqué les priorités du parti dans la discussion des enjeux nationaux et internationaux, y compris la cause palestinienne, réaffirmant son engagement à défendre les intérêts nationaux.

D’un point de vue analytique, le retrait de l’USFP révèle une crise de confiance au sein de l’opposition, où les partis se disputent la « propriété » des initiatives politiques dans un contexte de compétition préélectorale en vue des législatives de 2026.

Les accusations d’« appropriation » formulées par l’USFP pointent du doigt des tensions avec des partis comme le Mouvement Populaire, qui avait lui-même dénoncé l’emploi de ce terme. Cette division affaiblit la capacité de l’opposition à former un front uni, en particulier face à un gouvernement accusé de défaillances dans plusieurs domaines.

Cependant, en optant pour le retrait, l’USFP cherche à se repositionner comme un parti préservant son indépendance politique et sa crédibilité, tout en misant sur son rôle de contrôle via d’autres outils constitutionnels.

En conclusion, la position de l’USFP apparaît comme une tentative de préserver son rôle historique en tant que force d’opposition pionnière, mais son succès dépendra de sa capacité à surmonter les différends avec les autres partis et à construire des alliances plus solides.

L’USFP parviendra-t-il à reprendre l’initiative et à unifier l’opposition, ou les divisions continueront-elles à entraver ses ambitions ? Le défi majeur pour le parti réside dans la traduction de son discours en actions politiques concrètes, capables de restaurer la confiance dans les institutions et de répondre aux aspirations des citoyens.

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