« La vérité est la victime » : Comment les vérificateurs de faits indiens ont démonté les fausses allégations lors de la crise indo-pakistanaise

People wave Indian flags in support of the Indian Armed Forces, following the ceasefire announcement between India and Pakistan, in Delhi, India, May 13, 2025. REUTERS/Priyanshu Singh

New Delhi – 29 mai 2025
Au cœur de l’escalade militaire entre l’Inde et le Pakistan du 7 au 10 mai 2025, les médias et les réseaux sociaux ont été inondés de désinformation à une vitesse fulgurante. « Une quantité de fausses informations, équivalant à un mois, a déferlé en quelques heures », a déclaré Uzair Rizvi, vérificateur de faits à Delhi. Grâce aux efforts des vérificateurs indiens, comme Alt News et BOOM, ces allégations ont été démystifiées, freinant la propagation de récits trompeurs.

Une escalade médiatique dangereuse
Lors de cette crise, déclenchée par l’attaque meurtrière de 26 touristes dans le Cachemire indien le 22 avril 2025, des chaînes télévisées indiennes, telles que Times Now Navbharat, ont diffusé des reportages mensongers affirmant que les forces indiennes avaient « envahi » le Pakistan, atteignant Karachi, voire bombardant Lahore et Islamabad.

Ces chaînes ont utilisé des images dramatiques – soldats, chars, avions de chasse – accompagnées de commentaires exaltés. En réalité, aucune troupe n’a franchi la frontière, les affrontements se limitant à des échanges de frappes aériennes.

Propagation de la désinformation
Le problème ne s’est pas limité à la télévision. Les réseaux sociaux, notamment X, ont amplifié les mensonges. Des vidéos truquées, incluant des deepfakes générés par IA montrant le Premier ministre indien Narendra Modi ou son homologue pakistanais Shehbaz Sharif admettant faussement une défaite, sont devenues virales. Pratik Sinha, cofondateur d’Alt News, a déploré : « De nombreux comptes indiens ont défendu sans vergogne la diffusion de fausses nouvelles, arguant qu’il s’agissait d’une guerre informationnelle pour déstabiliser l’ennemi ». Certains comptes de droite ont même glorifié cette désinformation, invoquant des tactiques de propagande.

Défis des vérificateurs de faits
Les vérificateurs ont été confrontés à plusieurs obstacles. Premièrement, la rapidité de la désinformation dépassait initialement leur capacité de vérification. Deuxièmement, la censure par les autorités indiennes, bloquant des chaînes YouTube pakistanaises et 8 000 comptes X, y compris ceux de journalistes cachemiris comme Hilal Mir, a exacerbé la confusion. Troisièmement, l’IA, notamment Grok sur X, a donné des réponses erronées, renforçant les fausses informations. Cependant, des équipes comme BOOM ont utilisé des outils comme Deepfake-o-meter pour identifier les manipulations audio, publiant des analyses détaillées.

Leçons des crises passées
Ce schéma rappelle l’attaque de Pulwama en 2019, où l’Inde avait revendiqué la mort de 300 terroristes au Pakistan, démentie par des images satellites de Reuters. Cette fois, les autorités indiennes ont fourni des images des frappes, réduisant temporairement la fabrication de fausses nouvelles. Mais les médias sont rapidement revenus à l’amplification de récits trompeurs pour exciter leur public.

Le rôle des médias dans les crises
Cette crise révèle que les médias privilégient souvent les émotions au détriment des faits. « La vérité est la première victime », a résumé Sinha. Plutôt que de tenir les gouvernements responsables, les médias cherchent à satisfaire un public avide d’histoires sensationnelles, ce qui aggrave les tensions dans un contexte où les deux pays possèdent des armes nucléaires, menaçant la stabilité régionale.

Recommandations
Pour contrer ce phénomène, il faut renforcer la formation des journalistes à la vérification des faits et promouvoir des normes éthiques strictes dans les médias. Les gouvernements doivent éviter de censurer les sources fiables et encourager l’éducation aux médias auprès du public. Une collaboration entre vérificateurs de faits et médias traditionnels est cruciale pour garantir un flux d’informations fiables en temps de crise.

Conclusion
La crise indo-pakistanaise récente montre que la désinformation peut être une arme redoutable. Malgré les défis, les vérificateurs de faits restent un rempart essentiel pour défendre la vérité. Dans un monde complexe, les médias doivent assumer leur responsabilité de diffuser des faits, non d’attiser les divisions.

source :

https://reutersinstitute.politics.ox.ac.uk/news/truth-casualty-how-indian-fact-checkers-debunked-false-claims-during-india-pakistan-crisis?utm_source=Reuters+Institute+for+the+Study+of+Journalism&utm_campaign=989ef5d772-EMAIL_CAMPAIGN_2025_05_29_01_36&utm_medium=email&utm_term=0_-989ef5d772-467821800

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