Journée de sensibilisation et soirée artistique à Oujda pour lutter contre le harcèlement sexuel des enfants : « Le Défi de la Honte » ouvre un débat profond

Oujda, 26 avril 2025
Dans le cadre de ses efforts pour renforcer la sensibilisation sociale et éducative, le lycée qualifiant Essalam, relevant de la direction provinciale Oujda-Angad, a organisé, le vendredi 18 avril 2025, une matinée de sensibilisation sur le phénomène du harcèlement sexuel des enfants dans le milieu scolaire. L’événement s’est tenu dans la salle des activités parallèles du lycée, en présence d’élèves, d’acteurs éducatifs, artistiques et associatifs, ainsi que de personnes intéressées par les questions sociales. Dans un contexte similaire, l’établissement « Green View School » a accueilli, le soir du vendredi 25 avril, une soirée culturelle et artistique intitulée « Le harcèlement sexuel dans le milieu scolaire : compréhension, prévention et protection », organisée par l’association « Enfants du Monde » sous la direction de l’artiste et réalisateur Abdelrazak Benaissa.

« Le Défi de la Honte » : un court-métrage qui interpelle les consciences

Le court-métrage Le Défi de la Honte, réalisé par Abdelrazak Benaissa, a été au cœur des deux événements. Cette œuvre cinématographique dramatique et éducative, d’une durée d’environ 6 minutes et 11 secondes, n’est pas seulement un film, mais un cri artistique visant à révéler la réalité du harcèlement sexuel et des abus sur les enfants (pédophilie), tout en mettant en lumière la souffrance des victimes sous le poids de la honte sociale. Avec un style visuel percutant, un récit intense et des personnages symboliques, le film propose une expérience dramatique bouleversante, incitant au débat et à la remise en question du silence entourant cette question sensible.

Le film, interprété par Rachad et Mustapha Chennouf, repose sur un langage visuel dépourvu de dialogues traditionnels, utilisant un éclairage tamisé, des angles de caméra étudiés et un montage précis pour transmettre les émotions intérieures de la victime. L’histoire débute dans un environnement apparemment sûr, qui se transforme progressivement en une atmosphère sombre et tendue, avec des plans longs reflétant l’isolement de la victime et un montage rapide exprimant son trouble et sa peur. La musique d’Omar Bouchnak, alliée à des moments de silence savamment orchestrés, confère une profondeur psychologique qui plonge le spectateur dans la souffrance de la victime.

Analyse artistique et significations profondes

Lors d’une lecture critique présentée par le critique et journaliste Miloud Bouamama au cours de la soirée, celui-ci a mis en lumière les aspects techniques et artistiques du film. Le titre Le Défi de la Honte porte des significations symboliques fortes : le mot « défi » renvoie à une confrontation difficile menée par les victimes et la société contre le spectre de la honte, tandis que « honte » reflète la stigmatisation sociale imposée aux victimes en raison de préjugés erronés. Les personnages, de l’enfant innocent à l’agresseur énigmatique, sont filmés avec soin pour refléter une réalité douloureuse : souvent, l’agresseur est une personne proche de la victime, ce qui complexifie davantage la problématique.

L’éclairage a joué un rôle central dans l’amplification du drame, avec l’utilisation de fortes ombres et d’une lumière tamisée pour créer une atmosphère d’anxiété et de tension, tandis qu’un éclairage partiel sur la victime souligne sa fragilité et sa soumission. Le langage corporel et les expressions faciales de l’enfant victime constituent les principaux outils pour transmettre la souffrance, évitant ainsi les scènes explicites, ce qui rend le film adapté à une projection éducative.

Conférences spécialisées pour comprendre le phénomène

La matinée au lycée Essalam a inclus une conférence spécialisée animée par des experts : Dr Saadia Slaoui, psychologue, a abordé les effets psychologiques dévastateurs du harcèlement et les moyens de prévention ; le professeur Abdelmajid Taam, écrivain et auteur, a offert une perspective littéraire sur la question ; et la professeure et artiste plasticienne Chala Zemmouri a analysé les caractéristiques psychologiques des victimes à travers leurs dessins. La conférence a été brillamment modérée par l’écrivaine Rachida Mouloudi, orientant les discussions vers des solutions concrètes.

Lors de la soirée à « Green View School », des interventions remarquables ont enrichi le débat. Dr Slaoui a détaillé les dommages psychologiques à long terme sur les victimes, tandis que Me El Hassan Nejjari, chef de la division de communication à la préfecture de police d’Oujda, a présenté une analyse juridique du phénomène, soulignant les efforts de la Direction Générale de la Sûreté Nationale pour le combattre. Zakia Oubaidi, citoyenne marocaine résidant en Belgique, a insisté sur le rôle de la société civile dans la sensibilisation, s’appuyant sur des expériences européennes.

Messages sociaux et appel à briser le silence

Le Défi de la Honte porte des messages forts : une condamnation du harcèlement comme une blessure psychologique durable, et une mise en lumière de la complicité du silence sociétal. Le film appelle à redéfinir la honte, affirmant qu’elle doit peser sur l’agresseur et non sur la victime, tout en soulignant l’importance de la sensibilisation et de l’éducation des enfants à leur propre protection. Au cours des débats, les participants ont unanimement appelé à briser les tabous entourant cette question dans la société marocaine, saluant ces initiatives qui ouvrent un dialogue constructif sur un sujet sensible.

Créativité juvénile et soutien associatif

L’affiche promotionnelle de la matinée du lycée Essalam a été conçue par le jeune artiste Charaf Baali, ancien élève de l’établissement, dans une démarche reflétant l’engagement des jeunes dans les causes sociales. La soirée a également mis en avant le rôle de l’association « Enfants du Monde » dans l’organisation d’événements culturels et artistiques comme « Lumières et Ombres », qui allient art et sensibilisation pour servir des causes sociétales urgentes.

Conclusion : un pas vers le changement

Ces deux événements constituent une étape importante dans la lutte contre le harcèlement sexuel des enfants dans le milieu scolaire. À travers le film Le Défi de la Honte et les discussions approfondies, Oujda a réussi à raviver un dialogue essentiel sur une problématique souvent tue. Le message de ces initiatives est clair : briser le silence est la première étape pour protéger les enfants et combattre ces crimes, et l’art est un outil puissant pour y parvenir.

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