
Au cœur de la province de Guelmim, où se dessinent des pages de la mémoire collective des Marocains, les sites archéologiques tels qu’Ametiḍ, Adrar n Zerzem et Noul Lamṭa luttent contre les assauts du vandalisme et de la négligence. Ces lieux, parties intégrantes du patrimoine matériel national, sont aujourd’hui menacés de disparition en raison d’une destruction systématique. Face à cette situation alarmante, plusieurs associations civiles ont publié un communiqué public, alertant sur l’aggravation des atteintes à cet héritage civilisationnel et appelant à une intervention urgente pour le sauver.
Un patrimoine archéologique au cœur de l’histoire
Les sites d’Ametiḍ, Adrar n Zerzem et Noul Lamṭa sont des témoins vivants de l’histoire millénaire du Maroc. À Ametiḍ, les gravures rupestres, datant de la préhistoire, racontent l’histoire de la domestication des animaux à travers des représentations de bovins et d’autruches, constituant un document unique sur l’évolution de l’humanité. Adrar n Zerzem, inscrit officiellement au registre des monuments historiques en vertu de la loi 22.80, incarne un symbole du patrimoine matériel protégé par la loi. Quant à Noul Lamṭa, il porte les traces de civilisations anciennes, enrichissant la mémoire collective de la région. Ces sites ne sont pas de simples pierres ou gravures ; ils sont l’identité de la nation, ses racines historiques reliant le passé au présent, et garantissent les droits culturels des générations futures.
Une destruction systématique : un défi à la loi et à l’éthique
Malgré la protection légale dont bénéficient certains de ces sites, ils n’échappent pas aux ravages du vandalisme. La semaine dernière, Ametiḍ a subi des agressions directes contre ses composantes, tandis que Noul Lamṭa a été victime d’actes de destruction manifestes, en défi flagrant à la loi 22.80 et aux décisions de classement des monuments nationaux. Même Adrar n Zerzem, protégé par la loi, n’a pas été épargné par les attaques, révélant un mépris total des textes législatifs. Dans leur communiqué, les associations civiles qualifient ces actes de « processus de destruction systématique », soulignant qu’il ne s’agit pas de dégradations fortuites, mais d’actions délibérées, soutenues par des « porteurs de projets » aux visions divergentes pour l’avenir de ces sites. Ces atteintes ne se limitent pas à violer la loi ; elles traduisent une « ignorance profonde » qui ignore les éthiques professionnelles et les conventions internationales.
Le silence des autorités : temporisation et procrastination
Le vandalisme n’est pas le seul problème ; la situation est aggravée par le « silence suspect » des autorités compétentes, en particulier le ministère de la Culture. Les associations civiles ont vivement critiqué la temporisation et la procrastination de ce dernier dans la mise en œuvre de mesures de protection efficaces, estimant que cette inaction contribue à amplifier les pertes. Plutôt que de renforcer les mécanismes de sauvegarde, les responsables du ministère imputent le manque de moyens au ministère des Finances, négligeant leurs responsabilités directes dans la préservation du patrimoine. Cette situation a conduit les associations à exiger la réintégration de l’ancien conservateur régional du patrimoine de la région Guelmim-Oued Noun, réputé pour sa compétence et son intégrité, comme un premier pas vers le rétablissement de la confiance dans la gestion locale du patrimoine.
Un devoir national urgent : un appel à l’action immédiate
Face à cette situation critique, les associations civiles ont lancé un appel urgent pour sauver le patrimoine archéologique de Guelmim, affirmant qu’il s’agit d’un devoir national impérieux nécessitant une conjugaison des efforts. Le communiqué formule des exigences claires, notamment :
- L’arrêt immédiat des travaux sur les sites d’Ametiḍ et d’Adrar n Zerzem pour prévenir toute nouvelle dégradation.
- L’ouverture d’une enquête neutre pour établir les responsabilités et identifier les acteurs impliqués dans la destruction systématique.
- L’activation du rôle des communes territoriales dans la protection des sites archéologiques, conformément à leurs compétences partagées avec l’État.
- La réforme de la gestion du ministère de la Culture à travers l’adoption d’une nouvelle approche scientifique, soutenue par les ressources nécessaires.
- L’imposition du respect du rôle du ministère par tous les intervenants, pour garantir le respect des lois et des normes internationales.
- La mobilisation de tous les acteurs pour une action urgente afin d’empêcher la disparition définitive de ces sites de la mémoire historique nationale.
Le patrimoine : une identité et une mémoire en péril
La perte de ces sites archéologiques ne représente pas seulement une destruction matérielle, mais une amputation d’une partie de l’identité nationale et de la mémoire collective. Les gravures rupestres d’Ametiḍ, les vestiges protégés d’Adrar n Zerzem et l’héritage de Noul Lamṭa ne sont pas de simples reliques ; ce sont des documents vivants qui racontent l’histoire des Marocains à travers les âges. Laisser ces sites à la merci du vandalisme équivaut à priver les générations futures de leur droit à jouir de leur patrimoine culturel, défiant ainsi la responsabilité de la nation à préserver son héritage.
Conclusion : vers un sauvetage du patrimoine
Le communiqué des associations civiles de Guelmim n’est pas un simple cri de protestation, mais un appel à assumer une responsabilité collective. La protection du patrimoine archéologique exige une mobilisation conjointe de l’État, des collectivités locales et de la société civile pour garantir que ces témoignages historiques restent des symboles de la grandeur du passé et une source d’inspiration pour l’avenir. Les autorités répondront-elles à cet appel urgent, ou les vestiges de Guelmim resteront-ils otages de la destruction et de la négligence ? Le temps presse, et le patrimoine attend ses sauveurs.
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