
Dans le cadre des efforts visant à sensibiliser aux questions environnementales et à étudier les défis liés aux grands projets hydrauliques, l’Université Mohammed Premier d’Oujda, en collaboration avec une association environnementale, a organisé une visite de terrain au barrage Mohammed V, l’un des barrages les plus importants de la région orientale et situé sur l’oued Moulouya. Cette visite a réuni des doctorants et des étudiants en master des facultés des sciences et des lettres et sciences humaines, ainsi que des professeurs et des acteurs associatifs, dans le but d’explorer l’importance du barrage et ses impacts environnementaux et économiques, tout en mettant l’accent sur les défis environnementaux pressants auxquels font face les barrages marocains.
Barrage Mohammed V : Importance stratégique et défis environnementaux
Le barrage Mohammed V est l’un des quatre grands barrages de l’oued Moulouya, aux côtés des barrages Hassan Triffdad, Oued Faha et Machraâ, et constitue un pilier essentiel pour la sécurité hydrique de la région. Actuellement, le barrage fait l’objet d’un projet de rehaussement visant à augmenter sa capacité de stockage, dans un contexte stratégique destiné à faire face aux défis de la sécheresse qui perdure depuis six ans, ainsi qu’aux répercussions de la pandémie de Covid-19, de la guerre russo-ukrainienne et du séisme d’Al Haouz. Ces facteurs ont fortement impacté la sécurité alimentaire, rendant le renforcement des réserves d’eau une nécessité urgente.
Cependant, la visite a suscité des débats sur les grands défis environnementaux auxquels sont confrontés les barrages marocains, notamment les problèmes d’envasement et du non-respect du débit écologique. L’envasement, causé par l’érosion des sols due à l’absence de campagnes efficaces de reboisement, réduit la capacité de stockage des barrages. Quant au non-respect du débit écologique – la quantité d’eau nécessaire pour maintenir la vie dans l’oued –, il constitue un obstacle au maintien de la biodiversité, en particulier pour les poissons et autres organismes vivants. Les participants ont exprimé leur regret face à l’absence d’intégration de ce débit dans le projet de rehaussement du barrage Mohammed V, contrairement aux pratiques adoptées dans d’autres pays qui tiennent compte de cet aspect pour garantir la durabilité des écosystèmes.
Une visite scientifique et de sensibilisation : Apprendre de l’expérience
La visite a représenté une opportunité éducative et de sensibilisation pour les étudiants et les professeurs, visant à approfondir leur compréhension du rôle des barrages dans le développement régional et national, tout en étudiant leurs impacts positifs et négatifs sur l’environnement. Les étudiants, dont Soufiane Charit, doctorant à la faculté des sciences, ont exprimé leur enthousiasme pour l’acquisition d’expériences pratiques et la découverte de l’avancement des travaux. Ils ont également manifesté leur souhait de rencontrer les responsables pour discuter des problématiques environnementales et obtenir des éclaircissements sur les solutions envisagées.
Les participants, parmi lesquels le professeur Khaled et Ben Younes Ben Aïcha, ont salué les efforts organisationnels de l’association environnementale et du comité organisateur, soulignant l’importance de telles initiatives pour renforcer la sensibilisation environnementale et encourager le dialogue autour de la durabilité des grands projets. Le groupe a insisté sur la nécessité de reconsidérer l’intégration du débit écologique et des campagnes de reboisement dans la conception et le développement des barrages, afin de garantir un équilibre entre la sécurité hydrique et la préservation de la biodiversité.
Un appel à adopter une approche durable
Cette visite constitue une étape importante vers une meilleure sensibilisation aux défis environnementaux liés aux barrages marocains et met en lumière la nécessité d’adopter une approche durable dans la gestion des ressources en eau. Face à la sécheresse persistante et aux pressions économiques et environnementales, la préservation de la sécurité hydrique et alimentaire reste un objectif stratégique qui ne peut être atteint sans prendre en compte l’équilibre écologique. Les participants espèrent que de telles initiatives inciteront les responsables à réévaluer les politiques hydrauliques, afin d’assurer la durabilité des grands projets et de protéger les écosystèmes de l’oued Moulouya et au-delà.
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