La région d’Oujda-Angad face aux défis de la gestion de l’INDH : une ambition royale à parfaire

Oujda – 19 mai 2025
À l’occasion du 20e anniversaire de l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH), lancée en 2005 sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, un bilan impressionnant mais nuancé se dessine dans la préfecture d’Oujda-Angad.

Cette initiative, qualifiée de philosophie royale, a transformé les dynamiques sociales et économiques de la région à travers plus de 1 028 projets réalisés en deux décennies.

Toutefois, des défis administratifs et des lacunes dans la mise en œuvre appellent une réforme rigoureuse pour garantir la pérennité de cet ambitieux chantier.

Un bilan remarquable, mais perfectible

Depuis son lancement, l’INDH a injecté environ 560 millions de dirhams dans la région, couvrant 60 % du coût total des projets, qui dépasse le milliard de dirhams. Ces projets, répartis sur trois phases (2005-2011, 2011-2018, et 2019 à aujourd’hui), ont ciblé des secteurs clés : éducation, santé, infrastructures de base, et inclusion économique.

La première et deuxième phases ont vu l’achèvement de 499 projets, incluant des centres sociaux, des écoles, des dispensaires, et des infrastructures rurales (routes, électrification, eau potable).

La troisième phase, avec 529 projets, a privilégié l’inclusion des jeunes et des populations vulnérables, avec des programmes comme l’amélioration des revenus (188 projets) et le soutien aux générations montantes (157 projets), bénéficiant à plus de 326 000 personnes.

Ces chiffres traduisent une avancée significative dans la lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion, particulièrement dans les quartiers marginalisés et les zones rurales.

L’INDH a permis de doter Oujda-Angad d’infrastructures modernes, de renforcer l’accès à l’éducation et à la santé, et de promouvoir l’autonomisation économique des jeunes et des femmes à travers des coopératives et des micro-entreprises.

Cette approche, qui ne distingue pas entre ville et campagne, incarne une vision intégrée du développement humain, centrée sur la dignité et la participation citoyenne.

Des défis administratifs persistants

Malgré ces succès, l’INDH fait face à des obstacles structurels qui freinent son plein potentiel. Des projets ont rencontré des difficultés au niveau de la planification et de l’exécution, marquées par des retards, des problèmes de coordination entre acteurs, ou des choix inadaptés aux besoins locaux.

Ces écueils, reconnus dans le discours officiel notament par M. Le Wali de la région de l’oriental lui-même, soulignent un manque de rigueur dans la gouvernance locale et une insuffisance dans l’évaluation continue des projets.

Par exemple, certains centres sociaux ou infrastructures, bien que construits, souffrent d’un déficit d’entretien ou d’une sous-utilisation, limitant leur impact à long terme.

L’absence d’une approche systématique pour tirer les leçons des échecs passés est un point critique. Si l’INDH prône un « évaluation objective » pour corriger les dysfonctionnements, les mécanismes actuels semblent insuffisants pour identifier les causes profondes des problèmes et proposer des solutions concrètes.

De plus, la forte dépendance au financement de l’INDH (jusqu’à 98 % pour certains programmes) pose la question de la durabilité financière et de l’engagement des autres partenaires, notamment le secteur privé et les collectivités locales.

Une gouvernance à repenser

Pour maximiser l’impact de l’INDH, une refonte administrative s’impose.

Premièrement, il est crucial de renforcer la planification participative en impliquant davantage les communautés locales dans l’identification des priorités. Les projets doivent répondre aux besoins réels des populations, évitant ainsi les initiatives inadéquates ou déconnectées.

Deuxièmement, une gestion plus transparente et rigoureuse des fonds publics est nécessaire pour éviter les gaspillages et garantir une allocation équitable des ressources.

Troisièmement, un système d’évaluation continue, basé sur des indicateurs clairs, doit être mis en place pour mesurer l’efficacité des projets et ajuster les stratégies en temps réel.

Le rôle des jeunes, souligné comme moteur de développement, doit également être amplifié. Si des programmes comme l’inclusion économique des jeunes ont porté leurs fruits, leur portée reste limitée face à l’ampleur du chômage et de la précarité dans la région.

Des partenariats plus étroits avec le secteur privé et des formations adaptées au marché du travail pourraient renforcer l’employabilité et l’entrepreneuriat des jeunes.

Un appel à l’action collective

Le 20e anniversaire de l’INDH est une occasion de célébrer les avancées, mais aussi de reconnaître les limites.

La vision royale, qui place l’humain au cœur du développement, exige une mobilisation accrue de tous les acteurs : autorités locales, élus, société civile, et citoyens. L’INDH ne peut réussir sans une synergie effective et un engagement responsable pour surmonter les obstacles administratifs.

En somme, l’INDH à Oujda-Angad incarne une ambition transformative, mais son succès futur dépend d’une gouvernance rénovée, d’une évaluation rigoureuse, et d’une participation citoyenne renforcée.

Pour que ce chantier royal continue d’élever les conditions de vie et de promouvoir la justice sociale, il est temps de passer d’une gestion projet par projet à une stratégie globale, durable et inclusive.

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