Oujda, 1er mai 2025
Les centrales syndicales marocaines ont célébré, ce jeudi à Oujda, la Fête internationale du Travail à travers l’organisation de rassemblements oratoires et de marches ouvrières massives, reflétant l’esprit de lutte et de solidarité qui caractérise cette occasion. Ces événements ont vu la participation de dirigeants et de militants syndicaux représentant notamment l’Union marocaine du travail (UMT), l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), la Confédération démocratique du travail (CDT), la Fédération démocratique du travail (FDT), l’Organisation démocratique du travail (ODT) et l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM). Cette célébration intervient dans un contexte régional et international complexe, marqué par l’aggravation des crises économiques et des tensions sociales, rendant les revendications syndicales plus pressantes et globales.
Les acquis de l’intégrité territoriale : fierté et mobilisation continue
Les centrales syndicales ont entamé leurs activités en saluant les succès diplomatiques du Maroc dans le dossier de l’intégrité territoriale, en particulier la série de reconnaissances internationales de la marocanité du Sahara, grâce à la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Les syndicats ont, dans leurs déclarations, insisté sur la nécessité de maintenir la vigilance et la mobilisation nationale pour défendre ce dossier stratégique, soulignant que l’intégrité territoriale constitue un levier pour un développement global dans les provinces du Sud. Selon un rapport du Conseil économique, social et environnemental publié en 2024, les investissements dans le Sahara marocain ont permis de créer plus de 50 000 emplois directs au cours de la dernière décennie, renforçant ainsi la stabilité sociale et économique de la région.
Un contexte économique et social complexe : défis et revendications urgentes
Les centrales syndicales se sont penchées sur les défis économiques et sociaux auxquels font face les travailleurs à Oujda et dans l’ensemble du Maroc, dans un contexte marqué par une hausse vertigineuse des prix et une inflation galopante. Elles ont souligné que la région de l’Oriental, confrontée à un manque d’investissements industriels et à un taux de chômage élevé (12,7 % selon les statistiques de la Haute Commission au Plan pour 2024), souffre d’une précarité sociale croissante. Dans ce cadre, les syndicats ont scandé des slogans réclamant une augmentation immédiate des salaires, une amélioration des pensions de retraite, la préservation des acquis du système de retraite, ainsi que l’intégration des chômeurs dans le marché du travail.
Données supplémentaires : Oujda a enregistré en 2024 une baisse du nombre d’emplois formels, avec une diminution de 8 % des inscriptions à la Caisse nationale de sécurité sociale par rapport à 2023, due à la fermeture de certaines unités industrielles et à l’attribution des projets du programme « Awrach » à des associations non qualifiées, ce que les syndicats ont qualifié de stratégie électoraliste. Par ailleurs, le secteur du transport urbain à Oujda traverse une crise chronique, les travailleurs étant confrontés à des conditions de travail difficiles et à des bus vétustes, ce qui a poussé les syndicats à organiser des manifestations répétées ces derniers mois.
Renforcer la cohésion sociale et soutenir l’État social
Les centrales syndicales ont insisté sur la nécessité de renforcer la cohésion sociale comme pilier fondamental pour atteindre la justice sociale, appelant le gouvernement à prendre des mesures concrètes pour lutter contre la pauvreté et les inégalités sociales. Elles ont exigé l’élargissement des aides destinées aux catégories vulnérables, telles que les veuves, les orphelins et les personnes à besoins spécifiques, ainsi que l’activation des programmes de protection sociale lancés dans le cadre de la vision de l’État social. Selon le ministère de la Solidarité et de l’Inclusion sociale, plus de 3 millions de ménages marocains ont bénéficié du programme d’aide sociale directe jusqu’en avril 2025, mais les syndicats estiment que ces efforts restent insuffisants face à la hausse du coût de la vie.
Les syndicats ont également appelé à soutenir les petites et moyennes entreprises, qui représentent 90 % du tissu économique de la région de l’Oriental et fournissent plus de 60 % des emplois, selon la Chambre de commerce et d’industrie d’Oujda. Ils ont noté que ces entreprises sont menacées de faillite en raison d’un manque de financement et d’un soutien gouvernemental insuffisant, ce qui nécessite une intervention urgente pour réduire les impôts et fournir des prêts à des conditions avantageuses.
Marches massives et slogans combatifs
Les marches ouvrières ont sillonné les rues d’Oujda, où les participants ont brandi des pancartes et scandé des slogans exprimant leurs revendications, tels que « Une augmentation des salaires est un droit légitime », « Non à la destruction des acquis de la retraite » et « Un travail décent pour chaque chômeur ». Les militants ont réaffirmé leur engagement à défendre les droits de la classe ouvrière, soulignant la nécessité de réformer le marché du travail dans la région de l’Oriental, où plus de 70 % des emplois relèvent du secteur informel, selon un rapport de la Haute Commission au Plan.
À noter que la marche de l’Union marocaine du travail (UMT) a enregistré la plus forte participation à Oujda, avec environ 3 000 participants, incluant des travailleurs, des étudiants et des chômeurs, selon un rapport publié par Aujourd’hui le Maroc. Toutefois, des observateurs ont noté une légère baisse de la participation par rapport aux années précédentes, ce qui reflète un sentiment de frustration face à la faible réactivité du gouvernement aux revendications syndicales.
Solidarité avec la Palestine : la voix d’Oujda pour une cause juste
Les marches ne se sont pas limitées aux revendications locales, les centrales syndicales ayant exprimé leur solidarité inconditionnelle avec le peuple palestinien, exigeant l’arrêt de l’agression sioniste sur Gaza et soutenant le droit des Palestiniens à établir leur État indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale. Les participants ont scandé des slogans tels que « Palestine libre » et « Jérusalem, capitale de la Palestine », affirmant que la cause palestinienne reste au cœur des préoccupations de la classe ouvrière marocaine. Dans ce contexte, la Confédération démocratique du travail (CDT) a organisé, le 30 avril 2025, un rassemblement de solidarité devant son siège à Oujda, appelant au boycott des produits soutenant l’occupation israélienne.
Critique du gouvernement et appel à un dialogue social véritable
Les centrales syndicales, notamment la CDT et l’UMT, ont critiqué les politiques gouvernementales qualifiées d’« intransigeantes » face aux revendications des travailleurs, pointant du doigt l’échec des récentes sessions de dialogue social à produire des avancées concrètes. Elles ont appelé à institutionnaliser le dialogue social selon une approche participative garantissant une réponse aux attentes des travailleurs, plutôt que d’adopter des « approches comptables étroites », comme l’a décrit le Parti du progrès et du socialisme dans son communiqué à l’occasion du 1er mai 2024. Les syndicats ont également réitéré leur rejet de toute réforme du système de retraite qui porterait atteinte aux acquis, exigeant l’implication des syndicats dans l’élaboration de tout projet de loi relatif à la grève ou à la retraite.
Conclusion : une lutte continue pour la dignité et la justice
Le 1er mai 2025 à Oujda a constitué une plateforme pour renouveler l’engagement militant de la classe ouvrière, confrontée à des défis économiques et sociaux sans précédent. En brandissant les slogans de la justice sociale et de la solidarité avec la Palestine, les centrales syndicales ont affirmé que la lutte reste le seul moyen de garantir la dignité et les droits. Dans un contexte régional et international complexe, Oujda, avec son riche passé militant, demeure une voix forte défendant les travailleurs et appelant à la construction d’un État social juste, où le développement est inclusif et les droits garantis pour tous.
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